A propos de la montagne ... Relief, altitude & géomorphologie

jeudi 2 avril 2009

Les scientifiques et le réchauffement ...

Des scientifiques de mon laboratoire, lors de la grand messe organisée, pour le lancement de leur nouveau centre de recherche (International Centre on Climate Change, ou IC3, on dit Ice cube pour faire bien - appelé à devenir d'ici quelques années un des grands pôles internationaux de recherche sur le changement climatique), ont fait venir un des grands pontes de ce domaine. Très convaincant, il nous (un public assez large, beaucoup d'étudiants et des personnes dont ça n'est pas le domaine) a expliqué en long, en large et en travers que le pôle N n'est plus ce qu'il était, et que d'ici peu il ne sera plus couvert de glace, la faute au réchauffement. Mais bon, en échange, une nouvelle voie de circulation maritime pourra sans doute s'ouvrir d'ici peu là-haut. Superbes courbes, magnifiques cartes, des gros cerveaux ont réfléchi là-dessus, et ils ont sans doute raison de réclamer de l'argent pour continuer à travailler sur ça (puisque c'était surtout ça le but indirect de la soirée), c'est certain. 

Mais au final, d'abord, ça a un goût de déjà vu (d'accord, surtout pour moi qui suis un peu dans le milieu), le réchauffement, la glace qui fond, les mesures, les modèles, les prédictions selon les scénarios de l'IPCC ... Des années qu'on en parle, surtout dans nos pays développés, où l'information circule et se renouvelle. 
Mais tous ces canadiens (je parle d'eux parce que je suis parmi eux en ce moment, c'est tout ...), tous ces nords-américains, nous tous qui vivons avec une 'empreinte écologique' telle qui faudrait plusieurs planètes comme la nôtre pour que tous les êtres humains aient accès au même niveau de vie, qu'est-ce que ça nous fait réellement ? Par grand chose. Pour l'instant, en tout cas. 

Ensuite, lors de la conférence, une personne dans la salle a demandé : mais qu'est-ce qu'on peut faire ? Réponse: ben, bon, euh, mettre des ampoules basse-consommation, c'est un bon début. Eventuellement, aller au boulot en vélo, ça peut être pas mal aussi ... En gros, ça n'est pas tellement leur problème, aux scientifiques. C'est plutôt du domaine des politiques ... Et bon, quand on voit ce que sont et font les politiques, brrr ...
Et pendant, moi, dans mon coin, j'avais envie de leur crier (mon anglais et mon self-control incertains m'en ont dissuadé !), à mes pairs : mais, bon sang, arrêter de nous parler de réchauffement, arrêter de nous rabattre les oreilles avec ce qui ce passe aux pôles, dans les glaciers, le permafrost (auto-message subliminal) !! Mince, quoi, ça n'est plus la question ! Maintenant, engagez-vous, continuez à étudier notre environnement global, mais intéressez-vous aussi à notre environnement local, celui où vous, vos enfants vivez, vivront. Impliquez-vous !! Montrez l'exemple, gueulez autour de vous qu'il faut arrêter de penser qu'on peut continuer comme ça, avec des villes gigantesques, des routes de partout, des voitures énormes, des tonnes de me.des qui sont produites par des gens exploités à l'autre bout du monde et jetées aux ordures (les produits, pas les gens ... quoique ...) dès que ça n'est plus la mode ... 

Tout ça me ramène à ce que je me dis tous les matins, en me ras.., non, en allant à la fac : mince, mais comment ils (les canadiens en l'occurrence, mais c'est plutôt "comment on" ...) vont faire, quand ça va craquer ? Quand l'économie du pétrole va rendre l'âme, quand ils ne faudra plus compter sur le supermarché pour s'alimenter, quand on devra réfléchir à deux fois avant d'allumer le chauffage, avant d'allumer le moteur de la voiture ... Comme a dit une copine de Grenoble : "mais les ricains, quand le pétrole sera un luxe inaccessible au plus grand nombre, ben ils vont tous crever de faim, pour de bon !!"

En attendant, on n'a plus besoin de "l'alibi réchauffement climatique" pour comprendre qu'il est temps de se mobiliser, non ? 
Nous, on est peut-être déjà trop vieux (mauvaise excuse pour me couvrir ...) pour intégrer ces "changements de paradigme", mais nos (celles de nos enfants ou petits-enfants ...) géographies - celle de notre quotidien immédiat et celle du monde en général - vont devoir sérieusement changer ... Et si on y met tous un peu du nôtre, qu'on décide de manger les carotte de son jardin, de ne plus prendre l'avion, d'habiter plus près de son travail ou de vivre dans une grotte, peut-être que cela se ne se fera pas dans le chaos ?

Je sais pas ... je n'ai pas suffisamment de recul pour voir tout ce qu'impliquent ces changements, qui vont de toute façon se répercuter d'un point à un autre du globe, mais j'aime bien l'idée du "penser global, agir local", bien que l'inverse doive aussi être considéré.

Pff, quel bor.el !